Du 6 au 8 mars, je me trouvais à Etretat, en Seine-Maritime, invité par l'Association normande des Chemins de Saint-Jacques à son Assemblée Générale, pour présenter le CD de mes chansons jacquaires, notamment «Tous les matins… Ultreia». Deux semaines plus tard, je devais me trouver pour les mêmes raisons en Suisse pour votre Congrès annuel. J'étais donc à mon domicile habituel, près de Toulouse, dans le Tarn, lorsque le confinement est arrivé, vers le 17 mars. Le lendemain, je devais repartir au Havre passer quelque temps chez ma compagne. Me voici donc assigné à résidence dans le Sud, alors que j'aurais bien souhaité me trouver à l'embouchure de la Seine. Partie remise…
Le confinement actuel, dans la bourgade de Lavaur, avec ses 11 000 habitants, n'est pas trop difficile à supporter, surtout quand on habite en centre-ville, avec les commerces traditionnels à proximité. Par contre, le fait de ne pas pouvoir utiliser son véhicule pour aller se promener ailleurs que dans les environs immédiats devient, avec le temps, un peu lourd à gérer. Mais il faut s'y faire, car le mois d'avril ne fait que commencer et on ne sait pas de quoi sera fait le «joli» mois de mai. Tout cela sans parler des répercussions chez les gens, chez les travailleurs et dans l'économie qui vont forcément s'en ressentir.
Quand les choses rentreront dans l'ordre, difficile de prévoir comment nous serons. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, il faudra abandonner le confinement petit à petit, continuer à se servir des précautions d'hygiène que nous aurons utilisées. Dans le domaine du Chemin de Saint-Jacques, il se peut que les gens ne repartent pas aussitôt; certains préfèreront reporter à plus tard pour profiter de la proximité de l'Année Sainte, d'autres se tourneront peut-être vers les gîtes privés ou vers les petites structures hôtelières qui pratiqueront peut-être des prix attractifs, etc. Un nouveau mode de fonctionnement nous attendra, tant sur le plan individuel que sur le plan collectif. La société globale acceptera-t-elle de se souvenir qu'elle a connu une catastrophe et que c'est le bon moment pour devenir plus éco-responsables dans tous les niveaux de consommations…?
L'avenir nous le dira. En tout cas, on se souviendra peut-être que des voix se lèvent de plus en plus pour reconsidérer notre rapport à la nature et à la planète. Des noms comme Greta, Pierre Rabhi, ou la Ferme du Bec Hellouin, pour ne parler que de ces trois, nous reviendront en mémoire pour nous rappeler qu'il y a urgence à ouvrir nos consciences.
Une fois de plus, la même interrogation… Quel monde allons-nous laisser derrière nous?
Jean-Claude Benazet, le 1er avril 2020.